Figure historique discrète et encore trop peu connue du public, Antoine Thomas est un missionnaire, astronome et mathématicien jésuite né à Namur en 1644 et dont la maison familiale se trouvait rue de la Croix, dans le cœur historique de la ville. Après une enfance et des études dans sa ville natale (il est élève au collège jésuite entre 1652 et 1660) et un noviciat à Tournai, il entame sa formation en philosophie à Douai en France. Dès l’âge de 19 ans, il sollicite une première fois son départ pour la mission jésuite aux Indes, en vain.
Antoine Thomas poursuit ses études au collège de Lille et enseigne ensuite (1665-1671) dans plusieurs collèges jésuites de la Province Gallo-belge avant de revenir à Douai pour se plonger dans la théologie scolastique. C’est là qu’il rencontre d’autres candidats pour les missions d’Extrême-Orient et que, durant ses temps libres, il s’adonne à l’étude des mathématiques et de l’astronomie. Ordonné prêtre en 1674, Antoine Thomas reçoit en 1677 l’autorisation du départ pour la mission jésuite en Chine.
Ensuite, il rejoint Coimbra au Portugal et enseigne les mathématiques et l’astronomie à l’université durant deux ans. Il y fait sa première observation d’une éclipse de lune le 29 octobre 1678 et, moins de deux après, il embarque à destination des Indes au départ de Lisbonne, pour un périple long de six ans.
Le périple d’Antoine Thomas vers les Indes est émaillé d’observations relatées dans sa correspondance : étoiles et constellations, éclipse de lune le 22 février 1682 à Juthia, capitale du Royaume du Siam (Thaïlande), à l’aide d’instruments improvisés, éclipse de soleil le 24 juillet 1683 et éclipse de lune le 16 juin 1685 à Macao, auxquelles s’ajoutent des mesures à caractère géographique et géologique à Macao et Nankin, etc. Appelé par son confrère Ferdinand Verbiest s.j. (1623-1688), célèbre astronome, mathématicien et armurier à la cour de l’empereur Kangxi (1654-1722), Antoine Thomas arrive enfin à Pékin le 7 novembre 1685.
Il y rejoint les jésuites missionnaires présents à la cour impériale et, au décès de son ami Verbiest, bénéficiant comme lui de la confiance et de l’estime de l’empereur, Antoine Thomas lui succède au Tribunal des Mathématiques. Professeur de l’empereur, il rédige à son attention un traité de mathématique et réalise plusieurs cartes topographiques. Il fait également la première mesure d’un arc de latitude en Chine, près de Pékin. Devenu Vice-Provincial de Chine en 1701, Antoine Thomas prend part à la Querelle des rites chinois, controverse portant sur la traduction du nom de Dieu et sur les rituels en l’honneur de Confucius et des ancêtres. Cette polémique oppose le Saint-Siège et les jésuites missionnaires, partisans d’une inculturation et d’une adaptation des enseignements chrétiens à la culture chinoise.
Dans ce cadre, on doit à Antoine Thomas la collecte de nombreux témoignages de chrétiens chinois envoyés à Rome afin de soutenir la position des jésuites.